Le Häuschen de Mahler à Steinbach-am-Attersee
Quand on écrit "une úuvre de cette dimension, une úuvre qui reflète la création tout entière, on est, pour ainsi dire, un instrument dont joue l'univers". Cette phrase célèbre et souvent citée ne pourrait avoir été prononcée que par Mahler et dans le moment rare d'exaltation qui a donné naissance à l'une de ses créations les plus imposantes, les plus ambitieuses et les plus démesurées, la Troisième Symphonie. Pourquoi donc en était-il venu à concevoir des partitions aussi monumentales? On le comprend sans peine lorsqu'on réfléchit que son activité thé‚trale dévore la plus grande partie de son temps et de son énergie et que seul l'été lui permet de se réfugier dans la composition. Une fois achevée sa Deuxième Symphonie, Mahler a repris conscience de son ‚ge, 34 ans, de la dimension encore bien restreinte de son úuvre en comparaison de celle des grands compositeurs de l'histoire. Ainsi ressent-il désormais le besoin de justifier sa vocation de créateur en consacrant ses étés non pas seulement à composer des symphonies, mais à créer de véritables univers symphoniques en utilisant "tous les moyens techniques existants". Quoiqu'il en soit et contrairement aux apparences, l'immense partition de la Troisième n'est pas née de la volonté de faire grand, mais d'une formidable poussée d'inspiration, telle qu'un créateur, fut-il un génie de première grandeur, n'en ressent pas souvent dans son existence.
Plusieurs versions différentes ont subsisté de ce programme. Soulignons que, pour une fois, Mahler l'a mis au point avant de se mettre à composer. Plus tard, il ne le désavouera jamais, même à une époque où il interdira la publication du moindre texte explicatif lors de l'exécution de ses oeuvres. Le titre général, dont il souligne qu'il n'a aucun lien avec Shakespeare, est "Le Songe d'une nuit d'été" (qui deviendra "Le songe d'un Matin d'été"). Plus tard, après s'être plongé dans la lecture de Nietzsche, il le remplacera par celui d'un des livres du poète-philosophe: "Mon gai Savoir" ou "Le gai Savoir". Le premier mouvement s'intitule d'abord "L'arrivée de l'été" ou "L'éveil de Pan", et plus tard "le Cortège de Bacchus". Il semble que l'Allegro initial, composé seulement l'année suivante, n'ait pas encore été précédé de la longue Introduction mineure qu'il intitulera plus tard :
Par moments, l'orgueil insensé de son propos plonge Mahler dans l'angoisse. Car cette fois, il n'envisage plus le monde, comme c'était le cas dans les deux symphonies précédentes, "du point de vue de l'homme qui souffre et qui combat", mais il "se transporte jusqu'au cúur même de l'existence, là où l'on ressent tous les frissons du monde et ceux de Dieu". Qui plus est, il se rend compte que son premier mouvement durera plus d'une demi-heure. Il se doute bien qu'on le prendra pour un fou, ou en tout cas pour un mégalomane résolu à dépasser encore le gigantisme de la symphonie précédente. Et pourtant, emporté par le souffle puissant et qui l'entraîne toujours plus avant, il se sent contraint de poursuivre. Pendant ce premier été de 1895, Mahler compose encore les quatre mouvements suivants. Malgré quelques hésitations sur leur ordre, il s'en tiendra de très près au programme esquissé en 1895. Mieux, il en est si fier qu'il le copiera pour l'envoyer à tous ses amis au cours des mois qui vont suivre. Ainsi n'en existe-t-il pas moins de huit versions, finalement très proches les unes des autres. Pour le premier mouvement, qui sera le plus étendu de tous, il se contente en 1895 de noter quelques esquisses musicales et remet à l'année suivante le travail de composition proprement dit.
En 1896, lorsque Mahler décide de reprendre son travail, il s'aperÁoit en arrivant le 11 juin à Steinbach que, dans sa précipitation de quitter Hambourg, il a oublié dans un tiroir de son bureau les esquisses du premier mouvement. Un ami hambourgeois consent à les lui expédier mais il passe dans l'angoisse ces huit journées d'attente, en s'affligeant du temps perdu et en craignant sans cesse que le paquet ne s'égare. Comme toujours, la reprise du travail s'avérera bien plus difficile que prévu car la transition de sa vie d'interprète à son activité créatrice ne se fait jamais sans douleur.
Pour l'instant, l'introduction est encore connue comme un mouvement séparé, mais sa signification se transforme peu à peu: elle ne dépeindra plus la nature sans ‚me et sans vie, prisonnière de l'hiver, mais au contraire la chaleur écrasante de l'été, lorsque "toute vie est retenue et qu'aucun souffle n'agite l'air qui vibre et flamboie, ivre de soleil". "La vie, prisonnière de la nature gémit au loin et supplie d'être libérée". Mahler estime que la musique seule "peut en capter l'essence". Pour peindre le cortège de Bacchus et ses déchaînements, il songe à engager un orchestre d'harmonie avec son répertoire de "musiques militaires", ces musiques qu'il a si bien connues dans son enfance à Iglau et dont il imitera effectivement la sonorité caractéristique. A la fin du 19ème siècle, ce siècle romantique où l'originalité du matériau avait pris force de dogme, c'était une audace inouÔe que d'introduire ainsi dans une fresque symphonique l'insolente "banalité" d'une musique populaire à peine stylisée.
Gr‚ce à la correspondance de Mahler et au journal tenu par Natalie Bauer-Lechner, on est bien renseigné sur la composition de la Troisième. Une lettre à sa maîtresse du moment, la cantatrice Anna von Mildenburg nous le montre à la fois lucide et exalté: "Ma Symphonie sera quelque chose que le monde n'a encore jamais entendu! Toute la nature y trouve une voix pour narrer quelque chose de profondément mystérieux, quelque chose que l'on ne pressent peut-être qu'en rêve! Je te le dis, certains passages m'effrayent presque. Il m'arrive de me demander si réellement cela devait être écrit." En dépit de toutes ses angoisses, Mahler demeure convaincu que "le monde prendra un jour bonne note de tout cela", tout en sachant bien que "les hommes auront besoin d'un certain temps pour croquer ces noix que j'ai fait tomber pour eux de l'arbre".
La Particell du premier mouvement est achevée le 11 juillet 1896 (donc en moins d'un mois!). Peu de temps après, Mahler reÁoit à Steinbach la visite de son jeune disciple Bruno Walter à qui il a auparavant conseillé par lettre de se préparer à retrouver "toute sa nature aride et brutale", dans une nouvelle úuvre qui "dépassera toutes les limites admises", et qui sera remplie de "banalités" et de "bruit inutile". Il faut dire qu'il vient d'être échaudé par la réception presque unanimement hostile de sa Deuxième Symphonie à Berlin, au mois de décembre précédent.
Que la conception profonde, l'idéologie dominante de la Troisième Symphonie soient teintées de panthéisme n'a rien qui puisse surprendre. Car l'attitude de Mahler devant la condition humaine, devant la vie et devant la mort, restera toujours marquée par les philosophies orientales plutôt que par le judaÔsme de ces ancêtres et le christianisme auquel il va bientôt se convertir. Le Chant de la terre nous le prouve aujourd'hui dont l'adieu final est illuminé par la pensée consolatrice de l'éternel renouveau de la nature au printemps. Ces pages si fortes dans leur douceur et si bouleversantes dans leur acceptation de la loi du destin incarnent mieux et plus qu'une idée poétique, elles affirment une véritable conviction mystique et répondent aux questions lancinantes que Mahler s'est posé pendant toute sa vie sur le destin et sur la condition humaine.
Il faudra attendre 1902, six ans après son achèvement, pour que soit créée la Troisième Symphonie dans son intégralité le lundi 9 juin 1902 à 20 heures par l'Orchestre de Cologne et la contralto Luise Geller-Wolter, placés sous la direction de Mahler, au cours du Festival de Crefeld en Rhénanie. Ce concert donné en présence de Richard Strauss, de Max von Schillings, d'Engelbert Humperdinck, d'Eugen d'Albert, de Willem Mengelberg et bien d'autres, fur le premier véritable triomphe de Mahler en tant que compositeur. C'est justement l'Adagio final, sa puissance contemplative et son lyrisme épuré qui devaient conquérir les auditeurs les plus mal préparés à l'entendre et même les plus délibérément hostiles. Aux yeux d'un critique, le "plus beau mouvement lent jamais composé depuis Beethoven" avait couronné le triomphe de cette soirée, qui allait ouvrir une nouvelle époque de la carrière et de la vie de Mahler. Une fois de plus, l'audace du génie s'était avérée payante.
La Troisième Symphonie, la plus longue de Gustav Mahler, comporte six mouvements:
On trouvera plus loin les Commentaires d'Henry-Louis de La Grange sur la Troisème Symphonie.
Voici les 131 versions référencées de la Troisième Symphonie, de 1948 à 2012. Les versions pirates japonaises sont indiquÈes en italique en raison de leur disponibilitÈ rÈduite.
| Année | Conductor | Contralto | Choirs & Orchestra |
Live | Label | Rec. date |
| 1947 | Sir Adrian BOULT |
Kathleen FERRIER | BBC Symphony Chorus, BBC Symphony Orchestra |
Live | TESTAMENT | Nov.29.1947 |
| 1950 | Hermann SCHERCHEN |
Hilde RÖSSL-MAJDAN | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Symphoniker |
Live | TAHRA | Oct.31.1950 |
| 1951 | Eugen SZENKÁR |
Diana EUSTRATI | Chor, Kölner Rundfunk Symphonie Orchester |
Live | ARCHIPHON | Mar.5.1951 |
| 1952 | Charles ADLER |
Hilde RÖSSL-MAJDAN | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Symphoniker |
Live | TAHRA | Apr.20.1952 |
| 1952 | Charles ADLER |
Hilde RÖSSL-MAJDAN | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Symphoniker |
CONIFER | Apr.20-27.1952 | |
| 1956 | Dimitri MITROPOULOS |
Beatrice KREBS | Westminster Choir, New York Philharmonic |
Live | HUNT | sung in english, Apr.15.1956 |
| 1957 | Eduard van BEINUM |
Maureen FORRESTER | Toonkunstkoor, Amsterdam, Jongenskoor, Zanglust, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
Live | RCO Live | Jul.14.1957 |
| 1960 | Carl SCHURICHT |
Ruth SIEWERT | Südfunk Chor, Knabenchor des Eberhard Ludwig Gymnasium, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart |
Live | ARCHIFON | Apr.7.1960 |
| 1960 | Hermann SCHERCHEN |
Sona CERVENA | Frauen und Knaben Chören, Rundfunk Sinfonie Orchester, Leipzig |
Live | TAHRA | Oct.1.1960 |
| 1960 | Dimitri MITROPOULOS |
Lucretia WEST | Kölner Rundfunkchor, Kölner Domchor, Kölner Westdeutschen Rundfunk Symphonie Orchester |
Live | TAHRA | Oct.31.1960 |
| 1961 | Kirill KONDRACHINE |
Valentina LEVKO | Moscow State Choir, Moscow State Children's Choir, Moscow State Phiharmonic Orchestra |
MELODYIA | sung in russian, Jan.5.1961 |
|
| 1961 | Leonard BERNSTEIN |
Martha LIPTON | Chorus of the Schola Cantorum, Boys'Choir of the Church of the Transfiguration, New York Philharmonic |
SONY | Apr.3.1961 | |
| 1961 | Jasha HORENSTEIN |
Helen WATTS | London Symphony Chorus, Highgate School Choir, Orpington Junior Singers, London Symphony Orchestra |
Live | ARCHIPEL | Nov.16.1961 |
| 1966 | Bernard HAITINK |
Maureen FORRESTER | Groot Omroepkoor, Sint Willibrord Kinderkoor, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
PHILIPS | May.10-14.1966 | |
| 1966 | Erich LEINSDORF |
Shirley VERRETT | New England Conservatory Chorus, Boston Boychoir, Boston Sympony Orchestra |
RCA | Oct.10 & 11.1966 | |
| 1967 | Jean MARTINON |
Regina RESNICK | Chicago Symphony Chorus, Chicago Children's Choir, Chicago Symphony Orchestra |
CSO | Mar.23-25.1967 | |
| 1967 | Kirill KONDRACHINE |
N/A | Moscow State Philharmonic Orchestra | Live | ALTUS | Apr.16.1967, 2nd mvt only |
| 1967 | Rafael KUBELIK |
Marjorie THOMAS | Frauenchor des Bayerisches Rundfunk Chor, Tölzer Knabenchor, Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks |
Live | AUDITE | Apr.20.1967 |
| 1967 | Rafael KUBELIK |
Marjorie THOMAS | Frauenchor des Bayerisches Rundfunk Chor, Tölzer Knabenchor, Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks |
DGG | May.23-26.1967 | |
| 1968 | Sir Georg SOLTI |
Helen WATTS | London Symphony Chorus, Wandsworth School Boys' Choir, London Symphony Orchestra |
DECCA | Jan.1968 | |
| 1969 | Sir John BARBIROLLI |
Lucretia WEST | St Hedwig Dom Chor, St Hedwig Knaben Chor, Berliner Philharmoniker |
Live | TESTAMENT | Mar.8.1969 |
| 1969 | Benjamin BRITTEN |
N/A | English Chamber Orchestra | Live | BBC Legends | 2nd mvt only, orch. B. Britten Jun.22.1969 |
| 1969 | Maurice ABRAVANEL |
Christina KROOSKOS | University of Utah Civic Chorale, Boys Choir of the Granite School District, Utah Symphony Orchestra |
VANGUARD | May.3-10.1969 | |
| 1969 | Sir John BARBIROLLI |
Kerstin MEYER | Ladies of the Hallé Choir, Boys of Manchester Grammar School, Hallé Orchestra |
Live | BBC Legends | May.23.1969 |
| 1970 | Jasha HORENSTEIN |
Norma PROCTER | The Ambrosian Singers, Wandsworth School Boys' Choir, London Symphony Orchestra |
UNICORN | Jul.27-29.1970 | |
| 1970 | Jasha HORENSTEIN | Lucretia WEST | Cori della R.A.I., Torino, Orchestra della R.A.I.,Torino |
Live | ROCOCCO | Dec.18.1970 |
| 1971 | Jean MARTINON |
Hildegard R‹TGERS | Choeurs de l'O.R.T.F., MaÓtrise de l'O.R.T.F., Orchestre National de l'O.R.T.F. |
Live | CASCAVELLE | Nov.3.1971 |
| 1972 | Leonard BERNSTEIN |
Christa LUDWIG | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Philharmoniker |
Live | DGG DVD |
Apr.1972 |
| 1973 | Bruno MADERNA |
Ursula BOESE | Cori dell'Oratorio dell'Immacolata Concezione di Bergamo, Orchestra e Cori della R.A.I., Milano |
Live | ARKADIA | Jan.12.1973 |
| 1974 | Pierre BOULEZ | Yvonne MINTON | BBC Chorus, BBC Choral Society, Hartfordshire Country Youth Choir, West London Youth Choir, BBC Symphony Orchestra |
Live | ARTISTS | |
| 1974 | Kirill KONDRACHINE |
Ilga TIKNUSE | Latvian State Philharmonic Choir, Children Choir, Moscow State Philharmonic Orchestra |
MELODYIA | mvts 4-5-6 only | |
| 1975 | James LEVINE |
Marilyn HORNE | Chicago Symphony Chorus, Glen Ellyn Children's Chorus, Chicago Symphony Orchestra |
RCA | Jul.21-23.1975 | |
| 1976 | Pierre BOULEZ |
Yvonne MINTON | Camerata Singers, Little Church around the Corner Boys'Choir, Trinity Church Boys'Choir, Brooklyn Boys'Choir, New York Philharmonic |
Live | NYP Editions | Oct.23.1976 |
| 1978 | Zubin MEHTA |
Maureen FORRESTER | Los Angeles Master Chorale, California Boys' Chorus, Los Angeles Philharmonic Orchestra |
DECCA | Mar.1978 | |
| 1979 | Klaus TENNSTEDT |
Ortrun WENKEL | London Philharmonic Choir, Southend Boys' Choir, London Philharmonic Orchestra |
EMI | Oct.27-31.1979 | |
| 1980 | Claudio ABBADO |
Jessye NORMAN | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Philharmoniker |
DGG | Sep.19-25.1980 | |
| 1981 | Vaclav NEUMANN |
Christa LUDWIG | Cesky Filharmonicky Sbor, K¸hnuv Detsk˝ Sbor, Ceska Filharmonie |
SUPRAPHON | Dec.16-19.1981 | |
| 1982 | Gary BERTINI | Jessye NORMAN | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Symphoniker |
Live | LUCKY BALL | Jun.5.1982 |
| 1982 | Sir Georg SOLTI |
Helga DERNESCH | Chicago Symphony Chorus, Glenn Ellyn Children's Chorus, Chicago Symphony Orchestra |
DECCA | Nov.1982 | |
| 1983 | Heinz RÖGNER |
Jadwiga RAPPE | Berliner Rundfunk Sinfonie Chor, Berliner Rundfunk Knabenchor, Rundfunk Sinfonie Orchester Berlin |
BERLIN Classics | Jan & Oct.1983 | |
| 1983 | Bernard HAITINK |
Carolyn WATKINSON | Groot Omroepkoor, Noord-Hollands Jongenskoor, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
Live | PHILIPS CD PHILIPS DVD |
Dec.25.1983 |
| 1984 | Herbert KEGEL |
Violetta MAJAROW | Dredner Philharmonischer Chor, Dresdner Philharmonischer Kinderchor, Dresdner Philharmonie |
Live | WEITBLICK | Mar.25.1984 |
| 1984 | Michael GIELEN |
Gabriele SCHRECKENBACH | Radio Sinfonie Orchester Berlin | Live | ALTUS | Nov.19.1984 |
| 1985 | Gary BERTINI | Gwendollyn KILLEBREW | Frauenchor des Westdeutschen Rundfunk und des Bayerischen Rundfunk, Knabenchor des Collegium Josephinum, Kölner Westdeutschen Rundfunk Sinfonie Orchester |
EMI | Mar.18-29.1985 | |
| 1985 | Eliahu INBAL |
Doris SOFFEL | Frankfurter Kantorei, Radio Sinfonie Orchester Frankfurt |
DENON | Apr.18 & 19.1985 | |
| 1985 | Lorin MAAZEL |
Agnes BALTSA | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Philharmoniker |
SONY | Apr.24-30.1985 | |
| 1985 | Hans VONK | Jard van NES | Residentie Kamerkoor en Rotterdams, Jongenskoor van het Kathedrale Koor Sint Bavo, Haarlem, Het Residentie Orkest, den Haag |
RO | Sep.1985 | |
| 1986 | Klaus TENNSTEDT |
Waltraud MEIER | London Philharmonic Choir, Eton Boys' Choir, London Philharmonic Orchestra |
Live | ICA Classics | Oct.5.1986 |
| 1987 | Zubin MEHTA | Margareta HINTERMEIER | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Philharmoniker |
PANDORA's BOX | Apr.26.1987 | |
| 1987 | Michael TILSON-THOMAS |
Dame Janet BAKER | London Symphony Chorus, Southend Boys' Choir, London Symphony Orchestra |
SONY | Nov.20-25.1987 | |
| 1987 | Leonard BERNSTEIN |
Christa LUDWIG | New York Choral Artists, Brooklyn Boys' Chorus, New York Philharmonic |
Live | DGG | Nov.25-28.1987 |
| 1987 | Leonard BERNSTEIN | Christa LUDWIG | New York Choral Artists, Brooklyn Boys' Chorus, New York Philharmonic |
Live | Rare Moth | Nov.25-28.1987 |
| 1988 | Uroö LAJOVIC |
Eva NOVSAK-HOUSKA | Zenski Zbor APZ France Preöeren, APZ Tone Tomöic, Mladinski zbor RTV Slovenija, Slovenska Filharmonija, Ljubljana |
Live | SF | Dec.27 & 29.1988 |
| 1990? | Josip DANIEL | Eva NOVZAK-HOUSKA | Zagreb RTV Choir, Rade Koncar Children's Choir, Zagreb RTV Symphony Orchestra |
DIGITAL | ||
| 1990 | Emil TABAKOV |
Brigitte PRETSCHNER | Bulgarian National Choir "Svetoslav Obretenov", "Bodra Smyana" Children's Choir, Sofia Philharmonic Orchestra |
CAPRICCIO | Apr.1990 | |
| 1990 | Hiroshi WAKASUGI | Naoko IHARA | Tokyo College of Music, Tokyo Broadcasting Children Chorus Group, Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra |
Live | FONTEC | Jun.6.1990 |
| 1990 | Bernard HAITINK |
Jard van NES | Frauen des Ernst Senff Chor, Tölzerknabenchor, Berliner Philharmoniker |
PHILIPS | Dec.1990 | |
| 1990 | Bernard HAITINK |
Florence QUIVAR | Frauen des Ernst Senff Chor, Tölzerknabenchor, Berliner Philharmoniker |
Live | PHILIPS DVD |
Dec.14 & 16.1990 |
| 1991 | Leif SEGERSTAM |
Anne GJEVANG | Radiokorets Damer, Københavns Drengekor, Dansk Radiosymfoniorkestret |
CHANDOS | Feb.11-12.1991 | |
| 1991 | N/A |
N/A | Peter FROUNDJIAN, piano | ETCETERA | 2nd mvt only Arrgt for piano P. Froundjian Feb.1991 |
|
| 1991 | Neeme JÄRVI |
Linda FINNIE | Royal Scottish Chorus & Junior Chorus, Royal Scottish Orchestra |
CHANDOS | Oct.20, 22 & 24.1991 | |
| 1991 | Vladimir ASHKENAZY |
Christine CAIRNS | Stockholm Radiokˆren, European Community Youth Symphony Orchestra |
Live | DIGITAL | Aug.15.1991 |
| 1992 | Zubin MEHTA |
Florence QUIVAR | Israel Kibbutz Choir & Israel National Choir "RINAT", The "Ankor" Children Choir, Israel Philharmonic Orchestra |
SONY | Mar.10-20.1992 | |
| 1992 | Arpád JOÓ |
Jard van NES | Dames Brabant Koor & Stedelijk Helmonds Concertkoor, Stedelijk Helmonds Concertkoor, Het Brabants Orkest |
Live | PHILIPS | Sep.2.1992 |
| 1993 | Seiji OZAWA |
Jessye NORMAN | Tanglewood Festival Chorus, American Boyschoir, Boston Symphony Orchestra |
Live | PHILIPS | Apr.22-24.1993 |
| 1994 | Giuseppe SINOPOLI |
Hanna SCHWARZ | Philharmonia Chorus, New London Children's Choir, Philharmonia Ochestra |
DGG | Jan-Feb.1994 | |
| 1994 | Armin JORDAN |
Jadwiga RAPPE | Ensemble féminin de Musique vocale de Lausanne, Maîtrise du Conservatoire Populaire de Musique de Genève, Orchestre de la Suisse Romande |
VIRGIN Classics | Apr.20 & 22.1994 | |
| 1994 | Vaclav NEUMANN |
Marta BENACKOVA | Prazsky Komorni Sbor, Cesky Filharmonicky Detsky Sbor, Ceska Filharmonie |
CANYON | Aug.31.-Sep.7.1994 | |
| 1994 | Antoni WIT |
Ewa PODLES | Chor Polskiego Radia w Krakowie, Krakowski Chor Chlopiecy, Narodowa Orkiestra Symfoniczna Polskiego Radia |
NAXOS | Nov.12-16.1994 | |
| 1994 | Sergiu COMISSIONA |
Susana PORETSKY | Orquesta Sinfonica de RTVE | 4th & 6th mvt only | RTVE Musica | Dec.12-16.1994 |
| 1994 | Evgeni SVETLANOV |
Olga ALEXANDROVA | Russian Academic Choir of the TV "Ostankino", The Moscow Boys'Capella, The Russian State Symphony Orchestra |
SAISON RUSSE | Dec.1994 | |
| 1995 | Edo de WAART |
Larissa DIADKOVA | Groot Omroepkoor, Stadsknapenkoor, Elburg, Radio Filharmonisch Orkest, Nederlands |
RCA | Feb.1995 | |
| 1995 | Bernard HAITINK |
Jard van NES | Groot Omroepkor, Jongenskoor van de koorschool St Bavo, Haarlem, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
Live | RCO | May.7.1995 |
| 1995 | Vladimir ASKHENAZY |
Iris VERMILLION | Staats und Domchor Berlin, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin |
Live | DECCA | Jun.9.1995 |
| 1995 | Takashi ASAHINA |
Kazuko NAGAI | Osaka Philharmonic Choir, Sumiyoshi Osaka Girls Choir, Osaka Philharmonic Orchestra |
Live | CANYON | Sep.17.1995 |
| 1995 | Adrian LEAPER |
Nancy HERRERA | Coro de la Filarmonica de Gran Canaria, Coral Schola Cantorum de la Universidad de Las Palmas de Gran Canaria, Coro de niños de la Academia de la FOFGC, Orquesta Filarmonica de Gran Canaria |
ARTE NOVA | Oct.11-14.1995 | |
| 1996/TD> |  |
Waktraud MEIER | S¸dfunkchor Stuttgart, Kˆlner Rundfunkchor, Stuttgarter Hymnus Chorknaben, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR |
Live | WEITBLICK | Jul.2-5.1996 |
| 1997 | Michael GIELEN |
Cornelia KALLISCH | EuropaChor Akademie, Freiburger Domsingknaben, SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg |
Live | HƒNSSLER | Feb.1997 |
| 1997 | Sir Simon RATTLE |
Birgit REMMERT | Ladies of Birmingham Symphony Orchestra Chorus, City of Birmingham Symphony Youth Chorus, City of Birmingham Symphony Orchestra |
EMI | Oct.1997 | |
| 1997 | Esa-Pekka SALONEN |
Anna LARSSON | Women of the Los Angeles Master Chorale, Paulist Boy Choristers of California, Los Angeles Philharmonic |
SONY | Oct19 & 20.1997 | |
| 1998 | Jesus LOPEZ-COBOS |
Michelle DeYOUNG | Cincinnati Symphony Orchestra Chorus, Cincinnati Symphony Orchestra |
TELARC | Jan.18 & 19.1998 | |
| 1998 | Glen CORTESE |
Mignon DUNN | The Riverside Women's Choir, Manhattan School of Music Chorus, Barnard Columbia Choir, Children's Festival Chorus of MSM, Manhattan School of Music Symphony Orchestra |
Live | TITANIC DVD VAI |
Mar.1998 |
| 1998 | Hartmut HAENCHEN | Katarina KARNEUS | Tonkunstkor, Jongenskoor van de koorschool St Bavo, Haarlem, Nederlands Philharmonisch Orkest |
Live | NedPho | Mar.1998 |
| 1998 | Andrew LITTON |
Nathalie STUTZMAN | Dallas Symphony Chorus, Texas Boys Choir, Dallas Symphony Orchestra |
Live | DELOS | May.14, 15, 16 & 19.1998 |
| 1998 | Günter NEUHOLD |
Iris VERMILLION | Frauenchor der Sing Akademie, Frauen des Bremer Theaters, Tölzer Knabenchor, Philharmonisches Staatsorchester Bremen |
Live | ANTES | Sep.28 & 29.1998 |
| 1999 | Ken-Ichiro KOBAYASHI |
Marta BENACKOVA | K¸hnuv smÌöen˝ Sbor, K¸hnuv Detsk˝ Sbor, Ceska Filharmonie |
Live | EXTON | Mar.6-8.1999 |
| 1999 | Ondrej LENARD | Chieko TERATANI | Japan Shinsei Symphony Chorus, Japan Shinsei Symphony Orchestra | Live | STUDIO FROHLA | Jun.13 & 15.1999 |
| 1999 | Kent NAGANO |
Dagmar PECKOVA | Rundfunkchor Berlin, Knabenchor Hannover Deutsches Symphonie Orchester Berlin |
Live | TELDEC | Sep.14 & 15.1999 & Nov.1999 |
| 1999 | Claudio ABBADO |
Anna LARSSON | London Symphony Chorus, City of Birmingham Symphony Youth Chorus, Berliner Philharmoniker |
Live | DGG | Oct.11.1999 |
| 2000 | Robert OLSON |
Lucille BEER | Women's Choruses of the Colorado Symphony Chorus & Boulder Chorale, Colorado Children's Chorale Colorado MahlerFest Orchestra |
Live | MF | Jan.14 & 16.2000 |
| 2000 | Rico SACCANI |
Bernadett WIEDERMANN | A Magyar ¡llami Operah·z FÈrfikara, A Budapesti Filharmoniai Tarsasag Zenekara |
Live | BPO Live | Apr.3-4.2000 |
| 2001 | Hun-Joung LIM | Cheon-Ja KIM | Bucheon Civic Chorale, Bucheon Philharmonic Orchestra |
Live | KBS Media DVD | Jan.14.2001 |
| 2001 | Pierre BOULEZ |
Anne-Sofie von OTTER | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Wiener Philharmoniker |
Live | DGG | Feb.25.2001 |
| 2001 | Marko LETONJA |
Marjana LIPOVSEK | Slovenski komorni zbor, Zbor Consortium musicum, Mladinski pevski zbor RTV Slovenija, Orkester Slovenske Filharmonije |
Live | SF | Apr.12-13.2001 |
| 2001 | Ken-Ichiro KOBAYASHI |
Marta BENACKOVA | Japan Philharmonic Chorus, Children Choir, Japan Philharmonic Orchestra |
Live | EXTON | Apr.26-27.2001 |
| 2001 | Lorin MAAZEL | Lioba BRAUN | Frauenchor des Bayerisches Rundfunk Chor, Tölzer Knabenchor, Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks |
Live | EN LARMES | May.11.2001 |
| 2001 | Geoffrey SIMON |
Diane RADABAUGH | Northwest Mahler Festival Orchestra, Northwest Boys Choir, Northwest Mahler Festival Chorus |
Live | NWMF | Jul.15.2001 |
| 2002 | Semyon BYCHKOV |
Marjana LIPOVSEK | WDR Rundfunkchor Köln, WDR Sinfonieorchester Köln |
Live | AVIE DVD |
Jan.25 & 26.2002 |
| 2002 | Andras LIGETI | Klara CSORDAS | Nemzeti Enekkar NÔ Kara, Magyar R·diÛ GyermekkÛrus·, Matav Szimfonikus Zenekar |
Live | MATAV | Jan.27 & Feb.28.2002 |
| 2002 | Lorin MAAZEL | Lioba BRAUN | Frauenchor des Bayerisches Rundfunk Chor, Tölzer Knabenchor, Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks |
Live | EN LARMES | Feb.22.2002 |
| 2002 | Michael TILSON-THOMAS |
Michelle DeYOUNG | San Francisco Symphony Chorus, Pacific Boys Chorus, San Francisco Girls Chorus, San Francisco Symphony |
Live | SFS Media | Sep.25-29.2002 |
| 2002 | Neil MANTLE |
Sandra PORTER | Edinburgh Bach Choir, Edinburgh Youth Choir, Scottish Sinfonia |
Live | SCOTTISH SINFONIA | Aug.25-26.2002 |
| 2002 | Ken-Ichiro KOBAYASHI |
Akemi SAKAMOTO | Aichi Prefectural Arts University Choir, Nogoya Childrens Choir, Nagoya Philharmonic Choir, Nagoya Philharmonic Orchestra |
Live | NAGOYA PO | Oct.2.2002 |
| 2003 | Benjamin ZANDER |
Lilli PAASIKIVI | London Philharmonic Choir, Tiffin Boys' Choir, Philharmonia Orchestra |
TELARC | Feb.28 & Mar.2-3.2003 | |
| 2003 | Riccardo CHAILLY |
Petra LANG | Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam, Prazsky Filharmonicky Sbor, Nationaal Jeugdkoor |
DECCA | May.5-9.2003 | |
| 2003 | Christian ARMING |
Ann-Katrin NAIDU | Ritsuyukai Choir FM Boys Choir New Japan Philharmonic Orchestra |
Live | FONTEC | Sep.26.2003 |
| 2004 | Jerzy SEMKOW |
Elena ZAREMBA | Chor Filharmoni Narodowej, Warszawski ChÛr Chlopiecy, Sinfonia Varsovia |
DUX | ||
| 2004 | Zubin MEHTA |
Marjana LIPOVSEK | Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Sängerknaben, Bayerische Staatsorchester |
Live | FARAO | Sep.16.2004 |
| 2004 | Jonas ALBER |
Brigitte PINTER | Chöre des Staatstheaters Braunschweig, Knabenchor Hildesheim, Belcanto Children & Youth Choir, Staatsorchester Brunswick |
Live | COVIELLO | Sep.26-27.2004 |
| 2005 | Zdenek MACAL |
Birgit REMMERT | Prazsky Komorni Sbor, Cesky Filharmonicky Detsky Sbor, Ceska Filharmonie |
EXTON | May.5-6.2005 | |
| 2006 | David ZINMAN |
Birgit REMMERT | Schweizer Kammerchor, Zürcher Sängerknaben, Tonhalle Orchester Zürich |
RCA | Feb.27-Mar.1.2006 | |
| 2006 | Hisayoshi INOUE |
? | ?, ?, Japan Gustav Mahler Orchestra |
Live | JMO | Mar.5.2006 |
| 2006 | Gintaras RINKEVICIUS |
Liora GRODNIKAITE | Kauno Valstybinis Choras, Berniuku ir jaunuoliu choras "Azuoliukas, Lietuvos Valstybinis Simfininis Orkestras |
Live | AUREA | May.5.2006 |
| 2006 | Bernard HAITINK |
Michelle DeYOUNG | Chicago Symphony Chorus, Chicago Childrenís Choir, Chicago Symphony Orchestra |
Live | CSO RESOUND | Oct.19-21.2006 |
| 2007 | Jun MÄRKL |
Ewa MARCINIEC | Choeurs de Lyon-Bernard Tétu, Les petits chanteurs de Lyon, Orchestre National de Lyon |
Live | ALTUS | Feb.1 & 3.2007 |
| 2007 | Paavo JÄRVI |
Waltraud MEIER | MDR Rundfunkchor Leipzig, Limburger Domsingknaben, Radio Sinfonie Orchester Frankfurt |
Live | UNITEL DVD |
Jun.23-24.2007 |
| 2007 | Claudio ABBADO |
Anna LARSSON | Damen des Arnold Schoenbergs Chor Wien, Tölzer Knabenchor, Lucerne Festival Orchestra |
Live | EUROARTS DVD |
Aug.19.2007 |
| 2007 | Valery GERGIEV |
Anna LARSSON | London Symphony Chorus, Tiffin Boys Chorus, London Symphony Orchestra |
Live | LSO Live | Sep.24.2007 |
| 2008 | Paavo JÄRVI |
N/A | Radio Sinfonie Orchester Frankfurt | VIRGIN Classics | 2nd mvt only, orch. B. Britten, Feb.2008 |
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| 2010 | Mariss JANSONS |
Bernarda FINK | Groot Omroepkor, Jongens van het Sacramentskoor, Breda,Jongenskoor Rijnmond, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
Live | RCO Live DVD |
Feb.3-5.2010 |
| 2010 | Mariss JANSONS |
Bernarda FINK | Groot Omroepkor, Jongens van het Sacramentskoor, Breda,Jongenskoor Rijnmond, Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam |
Live | RCO DVD | Feb.3-4.2010 |
| 2010 | Eliahu INBAL |
Iris VERMILLION | Shin Yu Kai Choir, NHK Tokyo Children Chorus, Tokyo Metropolitan Orchestra |
Live | EXTON | Mar.30-31.2010 |
| 2010 | Gabriel FELTZ |
Alexandra PETERSAMER | Prazsky Komorni Sbor Aurelius S‰ngerknaben Calw Stuttgarter Philharmoniker |
Live | DREYER GAIDO | Apr.30.2010 |
| 2010 | Jonathan NOTT |
Mihoko FUJIMURA | Damen des Chores der Bamberger Symphoniker Knaben des Bamberger Domchores Bamberger Symphoniker |
Live | TUDOR | May.26.2010 |
| 2010 | Manfred HONECK |
Michelle DeYOUNG | Mendelssohn Choir of Pittsburgh Children's Festival Chorus of Pittsburgh Pittsburgh Symphony Orchestra |
Live | EXTON | Jun.11-15.2010 |
| 2010 | Markus STENZ |
Michaela SCHUSTER | M‰dchen und Knaben der Chˆre am Kˆlner Dom, Damenchor der Oper Kˆln, G¸rzenich Orchester Kˆln |
OEHMS | July.4-6.2010 | |
| 2010 | Vladimir ASHKENAZY |
Lilli PAASIKIVI | Ladies of the Sydney Philharmonia Choirs, Sydney Children's Choir, Sydney Symphony Orchestra |
Live | SSO Live | Dec.2 & 4.2010 |
| 2010 | Mariss JANSONS | Nathalie STUTZMANN | Frauenchor des Bayerischen Rundfunks, Tölzer Knabenchor, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks |
Live | BR Klassik | Dec.9.2010 |
| 2011 | Sir Simon RATTLE |
Nathalie STUTZMANN | Frauen des Rundfunkchor Berlin, Knaben des Staats-und Domchor Berlin, Berliner Philharmoniker |
Live | EMI DVD | Feb.5.2011 |
| 2011 | Lorin MAAZEL |
Sarah CONNOLLY | Philharmonia Voices, Tiffin School Boys' Choir, Philharmonia Orchestra |
Live | SIGNUM | May.8.2011 |
| 2012 | Libor PESEK |
Dagmar PECKOVA | Ceski Filharmonicky sbor Brno, Kühnův dětský sbor, Ceski Narodni Symfonicky Orchestr |
VICTOR Entertainment | Jan.16.2012 | |
| 2012 | Kory KATSEANES |
Heather FOUTZ | Women of the Birmingham Young University, Birmingham Young University |
Live | BYU Records | Sep.9.2012 |
| 2012 | Eliahu INBAL |
Kaori IKEDA | Shin Yu Kai Choir, NHK Tokyo Children Chorus, Tokyo Metropolitan Orchestra |
Live | EXTON | Oct.27-28.2012 |
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Depuis le début de son activité de symphoniste, Mahler n'a jamais cherché à rompre les liens avec le passé, ni à se libérer de la forme-Sonate. Le premier mouvement de la Troisième ne rompt pas avec cette forme qui a obsédé les romantiques soucieux de préserver la tradition beethovenienne, mais à une différence près, c'est qu'il comporte deux expositions. Clamé par huit cors, le thème initial de marche, sert en quelque sorte de portail monumental à l'ensemble de la symphonie. Il jouera par la suite un rôle essentiel dans le mouvement. Or il s'agit d'une autre "référence" au passé du Finale de la Première Symphonie de Brahms (qui lui même reconnaissait la parenté avec son thème de l'Hymne à la Joie de Beethoven).
Le trait le plus frappant de ce premier mouvement est, comme on l'a vu plus haut, l'antinomie, voire la disparité de style qui existe entre ces deux éléments thématiques principaux. Le philosophe allemand Theodor Adorno y discerne une rébellion chez Mahler, contre les notions de "culture" et de "goût". Musique des ténèbres et du chaos, musique noble, puissante, grandiose dans le sens le plus romantique et traditionnel du terme, le premier élément (la nature immobile et prisonnière) appartient à la grande tradition symphonique créée par Beethoveen et prolongée par Bruckner. En revanche le second (le cortège de Bacchus) se distingue par son allure insolemment populaire. Il appartient donc à la sphère "inférieure", celle des musiques militaires ou des musiques de kiosque. Cependant, il ne faut pas croire que le matériau "populaire" soit soumis à un travail de composition moins élaboré que l'autre, car ce n'est jamais le cas chez Mahler. Chez lui, la simplicité, la candeur, voire la naÔveté la plus souriante dissimulent toujours un mécanisme musical et même intellectuel qui charpente et organise le discours avec une rigueur savante qui ne se dément jamais. Tandis que les musiques militaires tendent à s'accélérer au cours du mouvement, le premier élément, lui, ne se départira jamais de son tempo, ni de son caractère tragique, même si d'innombrables variantes en modifient sans cesse le profil. Dans les grands soli qui comptent parmi les plus périlleux de tout le répertoire de l'instrument, le timbre grave et puissant du trombone résonne comme la voix de la terre ou des éléments.
-2- Tempo di Menuetto. Sehr mässig. Nicht eilen [Très mesuré. Ne pas presser]
Les fleurs du pré de Steinbach ont inspiré à Mahler un Menuet, dont les références "à l'ancienne" n'ont rien de parodique mais dansent au contraire avec une gr‚ce merveilleuse. L'orchestre rivalise de délicatesse arachnéenne avec celle de la danse des Sylphes de Berlioz. Deux épisodes alternent d'une manière symétrique. Leur tempo est identique mais le second paraît plus rapide à cause des valeurs de notes plus brèves. Un jour, à Hambourg, Mahler s'est presque foulé la main en s'efforÁant, instinctivement, de copier à toute vitesse, (dans le tempo du mouvement) les triolets raides de cette seconde section.
-3- Comodo. Scherzando. Ohne Hast [Sans h‚te]
Bien qu'il soit binaire et non ternaire, ce mouvement joue dans la Symphonie le rôle de Scherzo. Tout le matériau thématique, à l'exception du Trio, en est emprunté au Lied Ablosung im Sommer [La relève de la garde en été], dans lequel le Coucou du printemps cède la place au Rossignol de l'été. On comprend sans peine que Mahler ait choisi cette évocation du monde animal pour nourrir son Scherzo. Le matériau mélodique du Lied est sans cesse métamorphosé et amplifié. L'élément de contraste indispensable, un des moments les plus magiques de tout l'úuvre de Mahler, est fourni par un solo de cor de postillon placé "au loin", c'est-à-dire derrière la scène. Par deux fois, l'orchestre lui répond, tout d'abord par un duo rêveur de cors, puis par un doux murmure des violons aigus, divisés en huit parties distinctes. Les contemporains ont été scandalisés par la "banalité" de ce long solo inspiré à Mahler par un souvenir d'enfance. Il nous enchante aujourd'hui comme un moment de pure poésie. A noter encore, la grande vague de passion douloureuse, le "cri de terreur" qui retentit vers la fin du mouvement, avec une puissante fanfare de cuivres. Mahler a laissé entendre que les animaux réagissaient ainsi à l'intrusion des hommes, phénomène dont nous savons aujourd'hui mesurer l'ampleur dévastatrice par un simple regard jeté sur le monde qui nous entoure.
-4- Sehr Langsam. Misterioso. Durchaus ppp [Très lent. Mystérieux. Toujours ppp]
A une époque ou Mahler empruntait tous les textes de ses Lieder au recueil poétique du Wunderhorn, le "Chant d'ivresse", ou "Chant de Minuit" de Nietzsche constitue l'unique exception. Son rôle ici est le même que celui d'Urlicht dans la Deuxième Symphonie. Au cúur de la nuit, à l'heure la plus obscure, la plus profonde, la Vie fait honte à Zarathoustra de son angoisse et de ses doutes, et lui ordonne de méditer entre des douze coups de minuit sur le "secret des mondes, leur douleur profonde, leur joie plus mystérieuse encore et l'ardeur de cette joie qui, loin de pleurer sa fragilité éphémère, appelle l'éternité". Au cours de cette méditation, l'homme retrouve le chemin de la vérité. Il accédera ensuite à des formes supérieures d'existence, dans la pureté enfantine du cinquième mouvement et la contemplation mystique du dernier. La forme est ici très libre, avec des rythmes volontairement indistincts, avec des degrés et des enchaînements harmoniques dits "faibles", qui suggèrent l'immobilité de la nuit. Tout se joue sur les contrastes de timbres et de registres.
-5- Lustig im tempo und keck im Ausdruck [Dans un tempo joyeux et avec une expression impertinente]
Le "chant des petits mendiants" est extrait du Knaben Wunderhorn. Pour le plus bref des six mouvements, Mahler fait appel à l'appareil sonore le plus vaste de toute la Symphonie, c'est-à-dire un double choeur, de femmes et d'enfants, auquel se superpose la voix soliste du morceau précédent. Il était certes paradoxal de faire appel à des moyens aussi considérables pour un morceau qui n'a rien d'une apothéose symphonique. Il l'était plus encore de confier à un choeur d'enfants la t‚che d'imiter les cloches du matin, et pourtant la lumière éclatante de ces voix fraîches donnent au tableau les couleurs claires d'une scène printanière.
-6- Langsam. Ruhevoll. Empfunden. [Lent. Calme. Profondément senti]
On aurait peine à chercher dans le répertoire symphonique du 19ème siècle pour trouver un autre mouvement lent de cette dimension et, qui plus est, placé à la fin d'une symphonie. A la lecture de la partition, l'écriture des premières pages peut faire l'effet d'un simple modèle d'écriture polyphonique. Mais à l'écoute, on ne saurait rester insensible à cette grandeur sereine, à cette émotion retenue, à cette immobilité que l'on pourrait qualifier de mystique plus encore que de méditative. Dans cette musique qu'il vaut mieux écouter que commenter, on retrouve chez Mahler l'héritage des grandes traditions baroques et classiques, reconnaissable à cet art subtil de la variation, qui transforme inlassablement des éléments thématiques toujours connus, mais toujours différents. Comme d'habitude, deux éléments principaux, deux sections, l'une mineure, l'autre majeure, alternent. Mais les quelques rares moments où affleure l'inquiétude ne font que rehausser la certitude tranquille de l'ensemble.
Car cet hymne à l'amour divin baigne tout entier dans la lumière de l'éternité: "Dans l'Adagio, dit Mahler à Natalie, tout se résout dans la paix et dans l'Etre. La roue d'Ixion des apparences s'immobilise enfin." La quarte finale fait écho à celle qui ouvrait la fanfare du début de la Symphonie. L'apothéose finale de la Troisième est sans doute l'une des plus authentiquement optimiste de Mahler, ce compositeur que l'on dépeint trop souvent comme "morbide", comme uniquement obsédé par la douleur et par la mort. Toutes les questions y trouvent une réponse, toutes les angoisses un apaisement. De toute évidence, ce mouvement n'aurait pas été écrit sans le précédent de Parsifal, mais cela n'enlève rien, bien sûr, à sa grandeur. En tant que Finale, ce vaste Adagio est le digne pendant du premier mouvement et Mahler eut certainement affaibli l'ensemble en voulant renouveler les splendeurs baroques de la conclusion de la Deuxième Symphonie. Avec ce grand hymne au créateur du Monde, conÁu comme la force suprême d'Amour, il gravit le dernier échelon vers la lumière éternelle.
[Ces commentaires ont été reproduits ici avec l'aimable autorisation d'Henry-Louis de La Grange]
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